- GÉDINNIEN
- GÉDINNIENLe terme de Gédinnien fut créé par A. Dumont en 1848 à partir du nom de Gédinne, ville de l’Ardenne belge. Le Gédinnien correspond dans cette région au début du cycle dévonien. Cependant, dans le reste de l’Europe, on a pu établir sa correspondance avec le Downtonien supérieur (pays de Galles) et le Lochkovien (Bohême) placés dans le Silurien, ainsi que le Dittonien (pays de Galles) qui constitue la fin du cycle silurien de Grande-Bretagne avant que le faciès des Lower Old Red Sandstones ne domine définitivement. Le Gédinnien est typiquement un étage de passage.Sédimentologie, stratigraphie et chronologie isotopiqueDans l’Ardenne, le Gédinnien, surtout détritique, se compose théoriquement de quatre termes: le poudingue de Fépin, l’arkose d’Haybes, les schistes de Mondrepuis, les schistes bigarrés d’Oignies et de Saint-Hubert (cf. tableau). En réalité, il correspond localement à une transgression de la mer sur les massifs de l’Ebbe, de Stavelot et de Rocroi, le terme inférieur résultant en partie d’un dépôt marin mais passant à des conglomérats fluviatiles; le deuxième terme, franchement marin, représente une seconde étape de la transgression. Les termes suivants, à grain beaucoup plus fin, restent des dépôts littoraux rougis à proximité des terres émergées.Des âges oscillant autour de 405 millions d’années ont été calculés pour des granites d’âge downtonien en Grande-Bretagne.Caractères paléontologiquesLa faune d’Invertébrés a des caractères peu accusés, voisins de ceux de la faune du Ludlow. Elle compte en particulier des Spiriférides (Howellella mercuri ), des Orthacés (Salopina lunata ), des Bivalves (Modiolopsis complanata ), des Euryptérides et des Trilobites, parmi lesquels les Acastides ont permis de distinguer plusieurs zones successives. Des zones à Tentaculites et à Conodontes ont également été établies.La faune de Vertébrés est dominée par les Agnathes du genre Pteraspis , qui eux aussi s’étagent en zones. Enfin, il y a des plantes terrestres (Halyserites , Taeniocrada ).Cette faune et cette flore caractérisent le «faciès rhénan», qui continuera au Dévonien.Un Crinoïde Camerata , Scyphocrinites , se présente comme un bon fossile caractéristique de la limite Silurien-Dévonien: Ludlow-Pridoli-Lochkovien d’Europe, Gédinnien des États-Unis. Il suit à peu près le pourtour méridional du continent des Vieux Grès rouges, depuis l’est de l’Amérique du Nord, dans la Méso-Europe, l’Afrique du Nord (Maroc, Sahara, Algérie), les Dinarides (Alpes Carniques, Albanie) et, semble-t-il, jusqu’en Chine. Presque toujours associé à des Graptolites (pélagiques), Scyphocrinites pourrait bien n’avoir pas été fixé, étant suspendu dans l’eau par un organe cloisonné et creux, le lobolithe, situé à l’extrémité du pédoncule: cela expliquerait sa répartition, l’une des plus larges dans le monde des Échinodermes.PaléogéographieAprès la phase principale de l’orogenèse calédonienne, l’extension de la mer gédinnienne déborde l’Ardenne et le Massif schisteux rhénan; on la suit dans une partie du massif Armoricain et jusque dans le sud de l’Angleterre, où elle a été mise en évidence dans le sondage de Little Metis (Buckinghamshire), ainsi qu’en Aquitaine (sondage de Saint-Martin-du-Bois). Elle est en connexion avec la Bohême par l’intermédiaire de l’Europe centrale, avec le Maroc, enfin avec le nord des Appalaches.Le Gédinnien représente le début du Dévonien marin dans les régions de l’orogène varisque touchées par la phase ardennaise. Il s’ensuit qu’il est l’équivalent des couches de passage du Silurien au Dévonien et du début des dépôts molassiques des Vieux Grès rouges dans l’aire calédonnienne.
Encyclopédie Universelle. 2012.